BILLET LITTÉRAIRE no 113 Johanne Berger

 

Les yeux de Mona

de Thomas Hessler

Éditions Albin Michel, Paris, 2024, 485 p.

 

 

 
Mon divertissement pour les jours de canicule ou pour le chalet, ce sera de relire ce roman en prenant le temps de me plonger dans l’observation de chaque œuvre représentée sur la jaquette du livre. Il y en a cinquante-deux et j’aimerais relire les descriptions du livre en regardant sur un grand écran ces œuvres. Le mieux serait d’aller à Paris mais j’ai fait mes plans pour l’été.

L’auteur, historien de l’art, professeur, journaliste, essayiste pratique encore la plupart de ces professions. Ce roman connaît un succès immense dans plus de vingt pays. Les arts sont au centre de l’histoire et l’héroïne, Mona, va suivre son grand-père dans les musées de Paris. Son grand-père, Henry, veut faire découvrir à sa petite-fille adorée les œuvres qu’il considère comme les plus belles et les plus importantes avant qu’il ne soit trop tard.

En effet, Mona souffre d’une maladie rare qui pourrait lui faire perdre la vue. Au lieu de l’emmener chez le pédo-psychiatre comme il l’a promis à sa fille Camille, Henry va lui montrer les plus beaux trésors des musées. Le livre est divisé en trois sections, le Louvre, le Musée d’Orsay, le Beaubourg.

En tout, le livre a cinquante-deux chapitres, un pour chaque œuvre d’art. Lors de chaque visite, Mona apprend l’histoire, le contexte de chacune, le style et la réputation de l’artiste. Pour Mona, ce qui importe, c’est l’aventure qu’elle vit aux côtés de son grand-père qu’elle adore. Elle écoute et observe avec l’ardeur d’une enfant de dix ans, intelligente, sensible, mettant toute sa confiance en lui.

Pendant ces sorties, nous suivons Mona dans ses rêves, ses inquiétudes, ses espoirs pour le futur et son désir de plaire à ses parents et son grand-père. Elle a vécu une expérience de noirceur totale pendant laquelle elle a craint d’avoir perdu la vue. Après la visite à l’urgence et chez le spécialiste, des séries de tests, ses parents ne savent pas encore ce qui attend leur fille unique. La frayeur de Mona s’avère si intense qu’elle va cacher à ses parents un autre épisode de noirceur qui n’a pas duré longtemps. Cette histoire nous fait réfléchir sur la capacité d’apprentissage et de résilience d’une enfant de dix ans.

Nous avons l’occasion d’apprendre, avec Mona, comment les artistes ont fabriqué ces merveilles et pourquoi elles sont si importantes dans notre civilisation occidentale. Henry décrit à sa petite-fille des œuvres complexes, utilisant un processus assez difficile à maîtriser. Il s’agit de l’ekphrasis, un mot grec signifiant: une description littéraire, étendue et détaillée de tout objet réel ou imaginaire. (Google) Il lui parle aussi du talent de l’artiste, de la vie quotidienne, du contexte de travail et de leur progression. Ces artistes qui furent parfois célèbres, influents ou pauvres et inconnus de leur vivant. Henry mentionne souvent leurs familles, les gens qui les entouraient, amis, admirateurs, mécènes, riches amateurs d’art. Toute un cours d’histoire de l’art nous est donné par la lecture de ce livre.

L’histoire de Mona devrait toucher tous les parents et les grands-parents et le style de l’auteur rend cette lecture agréable et divertissante.

Bonne lecture !