BILLET LITTÉRAIRE no 117 par Johanne Berger

Marie-Renée Lavoie

La petite et le vieux, Éditions XYZ et Bibliothèque québécoise pour la présente édition, Montréal, 2012, 236 p.

Marie-Renée Lavoie a grandi à Limoilou, un quartier de la basse-ville de Québec, réputé pour sa pauvreté. Ce livre est un succès dès sa parution en 2012. L’auteure détient une maîtrise en littérature québécoise et enseigne au Collège de Maisonneuve. Le roman est réédité en vue de la sortie du film éponyme avec Gildor Roy, cet automne.

Je ne crois pas qu’on pourrait décrire un quartier aussi bien sans y avoir vécu. Voici deux citations qui donnent au lecteur une meilleure compréhension de la vie à Limoilou. “Le vernis de l’enfance s’étiolait doucement, craquant de partout, me laissant voir, derrière sa lumière aveuglante, les filaments de ténèbres qu’elle s’applique à tout cacher”. p. 87

L’auteure fait la description du logis d’une voisine: “La vieille madame Corbeau, par exemple, me faisait sortir ses vidanges pour dix cents… Elle me faisait entrer dans son appartement hanté où d’innombrables cordes à linge bondées de vêtements hétéroclites sillonnaient les plafonds. Il y en avait dans toutes les pièces. On n’y voyait absolument rien. Elle devait esquiver les vêtements qui pendouillaient de partout pour se frayer un chemin avec le sac de poubelle qu’elle voulait me confier, ce qui lui donnait l’air ridicule d’une footballeuse à l’entraînement “. p. 53-54

Un des personnages principaux, Roger, le voisin grognon, devient au fil des jours, le protecteur d’Hélène, la narratrice qui n’a que huit ans au début du roman. Le vieux et la petite développent une amitié improbable, faite de loyauté, de bienveillance déguisée et d’un immense sens de l’humour ainsi qu’un amour inconditionnel pour les bonnes histoires et ceux qui savent bien raconter.

Dans notre société où les relations entre les jeunes et les vieux sont parfois inexistantes, souvent à cause de la structure de nos institutions et nos administrations, il est amusant et agréable de voir comment la petite et le vieux deviennent amis. Cela peut nous sembler difficile à imaginer, pourtant nous constatons souvent le plaisir que les jeunes et les vieux ressentent lorsque des activités les font se rencontrer.

Tout le long du livre, la tendresse et la poésie sont au rendez-vous grâce au langage coloré de l’auteure. Il paraît que c’est toujours mieux de lire l’histoire avant de voir le film. Je le confirme car je suis prête à aller voir le film qui sera en salle bientôt. Si vous appréciez ce roman, Marie-Renée Lavoie, a publié six livres après la parution de celui-ci.

Johanne Berger Bonne lecture!