Tout récemment, j’ai découvert le roman d’Emmanuelle Pierrot qui vient de remporter le Prix des libraires et son roman a aussi gagné le Débat des livres francophones à Radio-Canada à la fin mai. J’ai aussi appris qu’il y a un Prix de la page 111 cette semaine. Ce prix français est remis par un groupe informel de personnes du monde de l’édition. Ce prix est remis au mois d’octobre ou de novembre chaque année. Le lauréat ou la lauréate reçoit un exemplaire encadré de sa page 111, une dotation de 111 centimes en pièces de un centime, (depuis 2016), et a le droit d’intervenir à discrétion pendant un an sur l’antenne Radio Nova. Ce prix a été fondé en 2012. L’auteur qui a reçu ce prix en 2023, Kevin Lambert, a spécifié que le comité ne lit que la page 111 de tous les livres participants au concours.

Il est à noter que Kevin Lambert a aussi reçu le Prix Médicis, le Prix Décembre et plusieurs autres mentions honorables. À la fin mai, il y a aussi le prix des polars canadiens. L’auteur, André Marois, a gagné ce prix avec “La Sainte paix”; ce polar a été recommandé chaudement par les critiques littéraires. Il y a eu aussi le Prix des collégiens, le Prix des libraires, en France et au Québec. Il y a donc plusieurs possibilités de gagner des prix et de l’argent pour les écrivains. Pourtant, il y a peu d’écrivains qui réussissent à gagner leur vie.

La semaine passée, le prix International Booker Prize 2023 a été donné à Jenny Erpenbeck pour le roman Kairos. Dans ce cas, le prix revient à un roman traduit en anglais et le gagnant partage son prix avec la personne qui a fait la traduction.

Plusieurs romans et essais ont été publiés cette année et j’aimerais les mettre sur ma liste de lecture estivale. Entre autres, “Peuple de verre” de Catherine Leroux, “Le lièvre d’Amérique” de Mireille Gagné, “La société de provocation” de Dahlia Naiman. Parmi les classiques de la littérature, je voudrais lire “Voyage au bout de la nuit” de Louis-Ferdinand Céline, Écrits de Colette, Marcel Proust, “À la recherche du temps perdu” et ma collection de poètes.

Ainsi durant les prochains mois, mon esprit surstimulé éprouve le besoin de faire une pause. Alors la lecture se fera plus souvent sur la balançoire, sur une terrasse, sur un banc de jardin, dans une chaloupe ou un hamac, qui sait? Je me laisserai le droit d’échapper au livre soudainement, mes yeux se portant sur les beautés de la nature en été. Bonheurs de l’été et bonheurs de lecture!

Bonne lecture!

Les yeux de Mona

de Thomas Hessler

Éditions Albin Michel, Paris, 2024, 485 p.

L’auteur, historien de l’art, professeur, journaliste, essayiste pratique encore la plupart de ces professions. Ce roman connaît un succès immense dans plus de vingt pays. Les arts sont au centre de l’histoire et l’héroïne, Mona, va suivre son grand-père dans les musées de Paris. Son grand-père, Henry, veut faire découvrir à sa petite-fille adorée les œuvres qu’il considère comme les plus belles et les plus importantes avant qu’il ne soit trop tard.

En effet, Mona souffre d’une maladie rare qui pourrait lui faire perdre la vue. Au lieu de l’emmener chez le pédo-psychiatre comme il l’a promis à sa fille Camille, Henry va lui montrer les plus beaux trésors des musées. Le livre est divisé en trois sections, le Louvre, le Musée d’Orsay, le Beaubourg.

En tout, le livre a cinquante-deux chapitres, un pour chaque œuvre d’art. Lors de chaque visite, Mona apprend l’histoire, le contexte de chacune, le style et la réputation de l’artiste. Pour Mona, ce qui importe, c’est l’aventure qu’elle vit aux côtés de son grand-père qu’elle adore. Elle écoute et observe avec l’ardeur d’une enfant de dix ans, intelligente, sensible, mettant toute sa confiance en lui.

Pendant ces sorties, nous suivons Mona dans ses rêves, ses inquiétudes, ses espoirs pour le futur et son désir de plaire à ses parents et son grand-père. Elle a vécu une expérience de noirceur totale pendant laquelle elle a craint d’avoir perdu la vue. Après la visite à l’urgence et chez le spécialiste, des séries de tests, ses parents ne savent pas encore ce qui attend leur fille unique. La frayeur de Mona s’avère si intense qu’elle va cacher à ses parents un autre épisode de noirceur qui n’a pas duré longtemps. Cette histoire nous fait réfléchir sur la capacité d’apprentissage et de résilience d’une enfant de dix ans.

Nous avons l’occasion d’apprendre, avec Mona, comment les artistes ont fabriqué ces merveilles et pourquoi elles sont si importantes dans notre civilisation occidentale. Henry décrit à sa petite-fille des œuvres complexes, utilisant un processus assez difficile à maîtriser. Il s’agit de l’ekphrasis, un mot grec signifiant: une description littéraire, étendue et détaillée de tout objet réel ou imaginaire. (Google) Il lui parle aussi du talent de l’artiste, de la vie quotidienne, du contexte de travail et de leur progression. Ces artistes qui furent parfois célèbres, influents ou pauvres et inconnus de leur vivant. Henry mentionne souvent leurs familles, les gens qui les entouraient, amis, admirateurs, mécènes, riches amateurs d’art. Toute un cours d’histoire de l’art nous est donné par la lecture de ce livre.

L’histoire de Mona devrait toucher tous les parents et les grands-parents et le style de l’auteur rend cette lecture agréable et divertissante.

Bonne lecture !